PALAIS DU PEUPLE : LES DOSSIERS EXPLOSIFS DE LA RENTRÉE

Session explosive, session de tous les dangers, sessions de tous les enjeux, etc. Rien que des qualificatifs alarmant pour désigner ce qui se profile à l’horizon de la session parlementaire qui s’ouvre ce 15 septembre au Palais du peuple. A commencer déjà par la nécessité de sécuriser ce site censé être inviolable, mais que des ultras de l’Udps, parti présidentiel, ont promis de (re) prendre d’assaut dès ce jour.

Bref, le Palais du peuple n’a jamais porté autant de charges de tensions. On avait pensé que l’inter-session aller permettre d’arrondir politiquement les angles, mais la période aura, elle aussi, été marquée par de profondes crises au sein même de la coalition au pouvoir qui est au cœur des incertitudes. Au point que même sir les pourparlers, les protagonistes tiennent chacun son couteau derrière le dos.

En somme, la session de septembre devrait repartir là où la précédente, prolongée plusieurs fois en raison de l’état d’urgence dû au covid-19, s’était arrêtée presqu’en queue de poisson.

Lois Minaku-Sakata toujours d’actualité

D’abord avec ce dossier des lois dites Minaku-Sakata qui avait vu des états-majors politiques jeter leurs militants dans les rues tout en les lançant à l’assaut du Palais du peuple. Pour cause, selon le camp hostile à ces lois, Minaku et Sakata (lisez le FCC) cherchent à imposer la mainmise de leur famille politique sur l’appareil judiciaire via le ministère de la Justice attribué au FCC.

Célestin Tunda Ya Kasende, alors VPM en charge de la justice et garde des sceaux, avait été poussé à la démission par le chef de l’Etat pour avoir transmis au Parlement les avis du Gouvernement sur ces projets de loi sans les soumettre au Conseil des ministres.

Ronsard Malonda et réformes électorales : des dossiers qui sentent le souffre

Ensuite cette tempête demeurée en embuscade sur les réformes électorales et la désignation du Président de la CENI par les confessions religieuses. Pour ce dernier volet du sujet, la crise qui s’est installée entre les confessions religieuses aura porté un sacré coup sur la crédibilité de ceux-ci. La fin de la dernière session a, en effet, été caractérisée par des confrontations ignominieuses qui ont touché jusqu’aux tribus et même à la politique ainsi qu’à des accusations de corruption entre chefs des confessions religieuses. Pire encore, le groupe des églises de réveil a fini par imploser avec, à la clé, l’éviction de Sony Kafuta qui représentait ce groupement aux discussions sur la désignation du Président de la CENI.

La pomme de discorde, on se souvient, avait surgi lorsque les églises catholique et protestante, lasses de ne pas pouvoir imposer leurs candidats, avaient tapé dans la termitière en sortant la thèse selon laquelle Ronsard Malonda ne pouvait pas diriger la Ceni pour avoir travaillé dans la team Nangaa. Et à propos justement de Malanda, toute la question est de savoir si l’Assemblée nationale va reconsidérer son entérinement étant donnée toutes les poussées qui s’observent, avec le soutien avéré du chef de l’Etat, pour la désignation d’un autre candidat, alors qu’un camp au sein de la chambre basse s’en tient au premier entérinement. Ce camp n’entend pas voir l’Assemblée nationale se faire dicter une quelconque conduite, surtout sous l’instigation d’une autre institution, et cela au nom de la séparation des pouvoirs.

Bref, septembre est arrivé sans que cette question n’ait trouvé des solutions malgré la crise qui s’est observée et pour laquelle il y a eu des pertes en vies humaines à travers des manifestations publiques de tous bords.

Ce n’est pas tout. Il y a aussi ce volet des réformes électorales qui a entretenu une tension couvée pendant les vacances parlementaires. Il s’agit, en fait, de savoir comment le Parlement se déterminera sur cette question face aux initiatives déjà rejetées de ce groupe de 13 personnalités, celles des groupes de l’Université de Liège ayant fait flop.

La majorité FCC se montre hostile à toute initiative sur la question qui se traiterait en dehors des institutions. Si le groupe des 13, qui vient d’obtenir le soutien du chef de l’Etat (encore !) qui a reçu le rapport de leurs démarches, a toujours assuré que leur travail est justement destiné à la consommation des institutions, la question demeure de savoir comment et sous quelle forme faire parvenir leurs cogitations alors qu’il existe déjà une proposition de loi déposée depuis plus d’une année par le député Christophe Lutundula.

Sur ce cas aussi, la majorité FCC n’entend pas se faire contourner par des dynamiques incontrôlées qui se trament derrière toutes ces manœuvres qui gravitent autour d’un seul objectif : dissoudre l’Assemblée nationale pour se débarrasser de cette majorité qui, visiblement, gène bien d’intérêts au sein bien parmi les Congolais qu’au sein de la communauté internationale.

Poursuites contre les ministres CACH Eteni Longondo et John Ntumba : Fatshi entre deux feux

Autres affaires attendues à la session de septembre : les poursuites judiciaires contre deux membres du gouvernement, à savoir Eteni Longondo, ministre Udps de la santé ; et John Ntumba, ministre Unc de l’enseignement technique. Le premier est dans la trappe de la gestion des finances du covid-19, tandis que l’autre a été pris à défaut dans la gestion des fonds du programme de 100 jours du chef de l’Etat pour le Kasaï central. Pour les deux cas, la justice a déjà introduit à l’Assemblée nationale des demandes d’autorisation des poursuites judiciaires.

Tous étant des ministres CACH, l’opinion se demande bien comment cette famille politique se déterminera face à la démarche que choisirait l’Assemblée nationale à dominance FCC. Même s’il se trouve en embuscade « l’impunité zéro » sur laquelle jure Félix Tshisekedi dont l’opinion ne manquera pas de scruter le comportement, même par l’Udps interposée.

Sécurité à l’Est et crise socioéconomique : les dossiers du « peuple d’abord »…

On n’oublie pas cette grave crise sécuritaire qui s’est exacerbée à l’Est ces dernières semaines avec une multiplication des tueries qui a mis les nerfs à vifs au sein de la population et dans bien de milieux. Une grave crise qui a vu défiler des caucus de parlementaires ainsi que des membres des exécutifs provinciaux à Kinshasa aux fin d’une solution qui tarde à venir pendant que la situation ne fait qu’empirer sur terrain.

Last but not least, la situation socioéconomique liée au covid-19 charrie, elle aussi, bien d’attentes des Congolais. Des réclamations des salaires des enseignants – des professeurs de certaines universités sont même en grève – des infirmiers, des mises en place, des primes et bien d’autres situations du monde du travail ne manqueront pas de rythmer et même d’animer cette session qui, à tout prendre, démarre avec les promesses de ne pas être de tout repos.

Jonas Eugène Kota

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